Raffaello
Sa mère devait être une sacrée salope pour accoucher d’une merde comme ça. Il m’a baisé comme un bleu. Sa lettre aux journaux, c’était seulement une partie de son plan pour avoir le plaisir de venir me dire en personne qu’il savait tout. Mais ça doit être tout frais parce que quand il est venu en taule, il savait rien. Je sais pas comment il a fait pour trouver mon pote et j’arrive pas à comprendre ce qu’il est devenu. S’il était entre les mains des poulets, à l’heure qu’il est, ils m’auraient déjà convoqué pour une confrontation. Et ceux qui me suivaient ? J’y comprends que dalle. Je sais qu’une chose : je peux dire adieu à mes rêves de liberté. J’en chialerais mais je suis trop énervé. Et je fais quoi, maintenant ? Je commence la chimio et j’attends que le juge de surveillance découvre que sa femme le fait cocu et que par vengeance il me refoute à l’ombre ? Putain de merde, j’étais à deux doigts de la vraie liberté et faut que Contin se pointe et me nargue comme un gamin. T’as vu comme il était content ? S’il avait eu des couilles, il m’aurait flingué en pleine poire mais c’est un tordu. Il aime les coups vaches. J’ai vraiment pas de bol. Quinze ans à souffrir en cabane pour rien. Et maintenant j’ai deux bites dans le cul. Contin et le cancer. Qu’est-ce qui va me faire le plus mal ?
Si j’y réfléchis, ça peut être que ma mère. Y’a qu’elle qui a pu parler de Siviero à Contin. Temps et circonstances coïncident. Elle a dû faire un pacte avec cette ordure de Contin : le nom de mon pote en échange de la lettre dans les journaux. Et maintenant, je fais quoi ? J’peux quand même pas m’en prendre à elle. Faut que je fasse comme si de rien n’était. Et avec la grosse merde accouchée par la grosse salope, qu’est-ce que je fais ? Je le bute ? Je le taillade ? Je lui arrache le cœur et je me le bouffe ? Il mériterait de crever comme un chien. Si le cancer était contagieux, je le lui refilerais. Mais j’iui ai quand même tué son fils et sa femme. Non, je peux rien lui faire. Il se venge juste. C’est ce que je ferais moi aussi. Mais en homme. Flingue ou couteau. Lui, c’est un vicelard. Un locdu. S’en prendre à moi, c’est trop facile. J’aimerais vraiment savoir ce qui est arrivé à Oreste. Mais c’est clair que j’peux pas aller chez lui. Peut-être que j’y trouverais les flics et je découvrirais que c’était qu’une manœuvre pour me faire sortir du bois. J’ai plus qu’à attendre. J’ai même plus de blé pour m’acheter un peu de came. L’héro que j’ai prise aujourd’hui, j’me la suis déjà injectée. Je retourne chez ma mère et je me mets à chialer. J’en ai besoin. Ouais, j’ai envie de chialer, de chialer à en crever. Jusqu’à l’épuisement total. Et demain je vais trouver Don Silvio pour lui demander un peu de fric. J’ai pas envie de faire des vols à la tire pour me payer des clopes. Je veux plus faire de conneries. Je veux crever tranquillos. J’ai plus envie de jouer aux gendarmes et aux voleurs.